Objet de désir. Source de plaisir. Et si l'amour de la chaussure - qui recouvre donc ce pied, symbole de puissance selon ce cher Sigmund dérangeait d'abord par sa charge érotique ?
Ne dit-on pas « posséder » une ou plusieurs paires ?
Et que dire du prince charmant qui trouva enfin chaussure à son pied en enfilant celui de Cendrillon dans sa pantoufle de vair ? Pendant des siècles, dans l'Empire du Milieu, le pied était la partie la plus désirée du corps d'une femme.
Ces millions de Chinoises dont les pieds ont été bandés, acte barbare en soi, représentaient une caste dotée de pouvoirs dont les autres étaient privées.
Partout, les livres, le cinéma, la musique nous rappellent que la chaussure est objet sexuel.
« Jusques en haut des cuisses, elle est bottée. Et c'est comme un calice à sa beauté », chantait Serge Gainsbourg dans Initials B. B. Dans Journal d'une femme de chambre, d'Octave Mirbeau, porté à l'écran par Luis Buñuel, le vieux bourgeois Rabour fétichise les bottines de sa bonne, Célestine (« Marche un peu que je les voie remuer... que je les voie vivre... tes petites bottines... »).
Dans L'Annulaire de Yoko Ogawa, auteur nippon, un taxidermiste des souvenirs et des blessures offre à sa jeune maîtresse des escarpins noirs qu'elle doit garder pour faire l'amour. « La chaussure finit d'érotiser le pied », reconnaît Philippe Atienza.
Qui rapporte cette anecdote : un jour, alors qu'il livrait une paire d'escarpins à une cliente fidèle, le fondateur Raymond Massaro fit remarquer qu'avec les talons qu'elle avait commandés, elle aurait beaucoup de mal à marcher.
« Mais mon cher monsieur, lui répondit la dame, je ne compte pas marcher..
Thuy-Diep Nguyen
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